Élections européennes Les aides de la Pac au cœur du débat
Du 23 au 26 mai 2019, les électeurs seront appelés à élire leurs nouveaux députés au Parlement européen. Plusieurs listes présentaient le 18 avril leur projet en matière agricole dans une conférence organisée par le Syndicat national de la presse agricole et rurale à Paris. Des propositions qui promettent de modifier l’attribution des aides la Pac.
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C’est une tête connue du syndicalisme agricole qui a ouvert le bal. Démissionnant de Jeunes Agriculteurs (JA) pour rejoindre la liste « Renaissance » de la République en marche et du Modem. Jérémy Decerle veut redonner à la Pac « des objectifs clairs et faire en sorte que l’Europe refasse de l’agriculture un secteur stratégique ». Il propose de « diminuer les soutiens à l’hectare et réorienter les soutiens vers « l’activité humaine ».
« L’idée ne sera pas de prendre en compte la taille de l’exploitation mais le nombre d’actifs par rapport à cette taille, a-t-il précisé. Admettons qu’une exploitation ait 500 hectares et qu’il y a 5 actifs, les aides seront données par rapport à ces 5 actifs, sans forcément imaginer un plafond. »
Au contraire de la candidate de la France insoumise, Laurence Lyonnais qui milite pour une limitation des aides à 60 000 euros par actif et concentrer les aides sur les exploitations de moins de 100 hectares.
Redéfinir l’actif agricole
La proposition de Jérémy Decerle vise avant tout à exclure des conditions d’éligibilité en les restreignant à « l’agriculteur professionnel ». Une proposition que défend également la FNSEA et JA. « La capacité professionnelle, le temps donné à l’activité agricole et le revenu agricole sont des critères qui pourraient être proposés par l’UE pour que chaque État membre puisse définir l’actif agricole, a expliqué celui qui est numéro 4 de sa liste. Cela permettrait d’exclure des personnes comme la reine d’Angleterre et le prince de Monaco ou ceux qui héritent des terres et font faire du travail à façon. »
L’éleveur de la Saône-et-Loire a prévenu que ces propositions n’étaient pas encore définitives. La liste de la République en marche dévoilera son programme entre le 25 et le 30 avril, selon l’ancien syndicaliste. Sur le projet agricole, des discussions se tiennent encore avec Pascal Canfin, numéro 2 de la liste et ancien président de WWF, notamment sur la question des pesticides. « Il faut que nous évoluions de manière pragmatique pour répondre aux attentes des agriculteurs et sociétales, a répondu Jérémy Decerle tout en concluant que « nous nous entendons très bien ».
Les Républicains et les Socialistes veulent poursuivre le travail
Une alliance regardée avec circonspection par les représentants de la liste du Parti socialiste et des Républicains. « Il y a une certaine incohérence chez En marche. Comment Pascal Canfin et Jérémy Decerle vont porter leurs propositions, s’est interrogée Anne Sander, représentant la liste menée par les Républicains. Chez nous, les propositions sont claires ». L’eurodéputée défend une simplification de la Pac, devenue « un vrai casse-tête pour les agriculteurs » et un maintien intégral du budget de la Pac avec « un deuxième pilier qui doit être fort ».
Anne Sander a également déclaré être « en phase » avec Michel Dantin, député européen des Républicains et qui a décidé de ne pas se représenter pour des raisons personnelles. Elle entend assurer « la continuité institutionnelle » en se retrouvant « totalement » dans les 3 rapports votés par le Parlement européen sur la réforme de la Pac début avril.
Autre candidat défendant son poste : Éric Andrieu, eurodéputé socialiste et membre de la commission de l’agriculture et du développement rural à Strasbourg. Le numéro 3 sur sa liste veut « poursuivre le travail commencé » dans la mandature actuelle en s’opposant à la proposition de la Commission européenne pour la prochaine Pac.
« Je suis contre la réforme de la Commission européenne qui ne répond pas aux grands enjeux de l’agriculture, a-t-il indiqué. Je prône le recentrage d’une agriculture vers une agriculture familiale et vertueuse. »
Une heure avant, c’était au tour de Benoît Biteau de présenter le projet de la liste d’Europe Écologie-les Verts. Pour lui, « il faut sortir de cette logique de distribuer les aides vers des surfaces et passer sur des unités de main-d’œuvre ». Le parti écologiste propose de transférer les « aides bio » dans le premier pilier de la Pac. « Il faut remettre le débat dans un débat de société, a-t-il précisé. J’assume une trajectoire où 100 % des produits seront certifiés bio ».
Benoît Biteau entend « encourager des pratiques vertueuses » sans pour autant « laisser personne au bord de la route ». « L’objectif est d’accompagner les transitions, a confié l’agriculteur brandissant sur sa veste la fleur du collectif « Nous voulons des coquelicots ».
Du côté du Rassemblement national, Hervé Juvin a déclaré rester « prudent sur le sujet du verdissement ». « Cela rajoute déjà des charges sur des exploitations en difficulté. Je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment », a-t-il estimé. Concernant le budget de la Pac, Hervé Juvin a déclaré le « sauver et le préserver » avant d’ajouter qu’il refuse « les détournements de la Commission européenne qui veut par exemple que les aides des agriculteurs soient détournées vers les migrants en campagne ».
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